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05 décembre 2015

Le Tr@cT n°47

Le Tr@cT n°47

5 décembre 2015

 « La justice sans la force est impuissante : la force sans la justice est tyrannique »

Pascal, pensée n°298.

 Je suis chaque jour qui passe un peu plus halluciné par la naïveté de notre démocratie face au prosélytisme islamiste... Et j'avoue ne pas comprendre... Je n’ai d’ailleurs jamais compris la forme de tolérance dont on nous a rebattu les oreilles pendant des décennies, en tout cas telle qu’elle s’est exercée en France depuis (disons) 40 ans. Je crois que le mot a souvent fait office de cache-misère idéologique, dissimulant une incapacité à penser la relation à l'altérité et le fameux « vivre-ensemble » autrement que comme une philosophie passive fondée sur une lecture anachronique d’un humanisme mal digéré... Je ne regrette absolument pas d'avoir alerté, à ma modeste place, à ma façon, et depuis longtemps (2003 exactement) sur ce danger de prosélytisme religieux, au risque de paraître... intolérant.

 J'ai toujours pensé par exemple que le fameux slogan "Touche pas à mon pote" qui a fait office d'étendard à toute une génération, était une absurdité dans les termes, quelle que soit sa générosité en soi. Si mon pote est un tueur, je fais quoi ? On voit bien, tous les jours, l’usage qu’on peut faire de cette « fraternité » (de l’omerta basique à la justification de tout) détournée de tout jugement de valeur. Le fait qu'il soit, au choix, mon pote, mon copain, mon frère, mon camarade, mon concitoyen, mon coreligionnaire... ne devrait, démocratiquement, rien changer à l'affaire. C’est « Touche pas » qu’il faut dire, au sens «Ne fais pas violence », « Ne fais pas à autrui ce que tu ne supporterais pas pour toi-même ». Que autrui soit "mon pote" n'a, dans une République, pas plus de valeur que n’être pas « mon pote ». Si mon frère lui-même est dangereux pour la société, hors la loi, son statut de "frère" ne doit rien y changer. La justice doit passer. Et pas forcément par une décapitation… comme le font ceux qui eux, n’ont précisément que ce slogan « Touche pas à mon frère (musulman, ou soi-disant) » pour justifier leur « combat ». La démocratie ne doit pas se fonder sur cette valorisation du « pote », qu’il soit familial, amical, politique, religieux, clanique, social, et elle doit placer chacun devant les mêmes responsabilités, les mêmes devoirs. Egalité de tous devant la loi. « Touche pas à mon pote » c’était finalement une autre version du slogan le plus absurde de mai 68 : il est interdit d’interdire.

 Je préfère un autre slogan de mai 68 qui n'est pas, c’est vrai, très "tolérant" : PAS DE LIBERTE POUR LES ENNEMIS DE LA LIBERTE. Pas très démocratique, hein ? En fait, c'est à l’origine un aphorisme de St Just, le révolutionnaire, ressorti des oubliettes par les romantiques étudiants sur les barricades du quartier latin. Un autre type de terrorisme ? Peut-être. Ce terrorisme là on a bien fini par l'intégrer dans notre histoire de France... Nous avons même historiquement admis qu’il fallait peut-être passer par une forme d’intolérance (jusqu’à la décapitation… du roi) pour préserver des valeurs plus hautes que celle-ci et permettre à la liberté de s’exercer. Erreur historique ? Il serait trop long d’en discuter ici. Et l’urgence est ailleurs. Mais on peut au moins faire l’hypothèse que la tolérance est peut être parfois un ennemi de la liberté. Comment être libre si j’accepte (je supporte) que l’on puisse faire n’importe quel usage (jusqu’à l’intolérable) de cette liberté dont je fais le fondement d’un régime politique ?

Tolérer c'est supporter (étymologie latine), c'est subir sans déformation (en physique). Il faudrait donc tolérer une « version » de religion elle-même intolérante ? On fait la chasse aux sectes et on a tranquillement laissé se développer une secte très efficace dont le cheval de Troie a été cette "tolérance" démocratique grâce à laquelle cette déformation religieuse hier nommée « intégrisme », aujourd’hui appelée « radicalisation », a tranquillement (sans efforts, sans résistance, grâce à la tolérance) pénétré la cité pour en saper les valeurs et les fondements, pour s'attaquer, fondamentalement, à une CULTURE.

 Parenthèse… Jusqu'aux attentats de novembre, parler de "choc culturel" cela paraissait insupportable et  "intolérant"... Depuis un mois, chacun reconnaît que cette internationale du crime (au nom de Dieu puisque c'est pratique, on peut lui faire dire n’importe quoi) vise directement une CULTURE. IL a fallu qu'on s'attaque à des "jeunes gens" qui "boivent des coups" et "écoutent de la musique" pour accepter enfin de formuler l'évidence. Oui, c'est bien un choc CULTUREL. Car qu’on ne me parle plus de nature humaine ! L’humanisme a eu besoin de postuler cette hypothèse. Ce fut un temps nécessaire pour la pensée. La nature de l’homme est sa nature animale. Tout est culturel. Et ça ne date pas du Bataclan, bordel ! Je reste, là-aussi, sidéré par la candeur de ceux qui ont toujours pensé qu'il suffisait que les cultures cohabitent pour qu'elles se fassent des mamours. Faut-il tolérer la culture de mon pote si cette culture ne supporte pas  la mienne ? Personnellement, je dis non. Simplement. Et stigmatisation mon cul. Je sais, bêtement peut-être, que je ne veux pas abandonner ce qui fonde cette CULTURE, cette culture qui n'est ni mieux ni pire qu’une autre mais qui est la mienne, qui est l’élément central de mon identité, de ma construction humaine. Si une autre culture, une autre construction identitaire, se révèle incompatible avec les valeurs communes de la démocratie, alors (au moins provisoirement) je ne dois pas la « tolérer ».

Mais c’est un sujet qui mérite d’être traité plus longuement, il faudra en reparler… La démocratie c’est aussi, d’abord, le débat, le logos

 Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On admet qu’il faut repenser cette notion de « tolérance ». On en parle, on accepte (on tolère ?) de voir les choses autrement qu’avec nos œillères d’une démocratie débordée de tous les côtés et dépassée par ses propres faiblesses. On lui donne un sens « actif », on la réinvente, et on ne la réduit pas à cette « passivité » à laquelle nous sommes trop souvent habitués. On définit une MORALE qui ne se réduise pas à cette valorisation d’une « tolérance » dont on a perçu les limites, et dans tous les domaines. Y a du boulot. Il y faut du courage. Ou bien on constate les dégâts... y compris dans les urnes... hélas...

 Yves Gerbal

13:37 Publié dans Humeurs, Tr@cts | Lien permanent | Commentaires (1)

24 décembre 2010

Le Tr@cT n° 46

 Le Tr@cT n°46
Je sème à tout mail ...
24 décembre 2010
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" Si les points  de suspension  pouvaient  parler, ils pourraient  en dire des choses et des choses ! "  (Pierre Dac)

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J’aurais peut-être dû vous écrire plus tôt... C’est vrai, c’est pas très raisonnable d’attendre un an pour vous proposer une nouvelle missive électronique, l’une de ces e-lettres très irrégulomadaires expédiées depuis... 10 ans ! Oui oui : 10 ans ! Ou presque... Très exactement depuis le 5 janvier 2000, quand l’une de mes résolutions à l’orée du millénaire fut d’utiliser le mail comme un petit media à destination d’une mailing-list (ah, les anglicismes...) un peu conséquente. Faut comprendre : faire un site restait compliqué, les blogs balbutiaient, et le fondateur de facebook n’était encore qu’un ado boutonneux qui se prenait des rateaux avec les filles et n’était pas encore allé se consoler en imaginant un site trombinoscope à Harvard... Le mail apparaissait comme un nouveau support intéressant pour s’adresser à un groupe de destinataires, d’autant qu’on pouvait piquer ici ou là des adresses en pagaille...  10 ans, donc,  et malgré une périodicité très surprenante, passant  parfois de l’hebdomadaire en période politiquement épique  au  bi-annuel en période basse de déprime d’opinion, malgré cette aléatoire et déroutante intermittence, cela a fait 45 numéros tout de même ! Sans compter les nombreux “spéciaux” non comptabilisés et les cartes postales en été et les vœux en janvier... Ça peut paraître peu à certains lecteurs boulimiques ou à des écriverons prolifiques, et vous pourriez vous demander (oui oui allez-y, demandez-vous !) quelle est la raison de tels intervalles entre deux Tr@cT (s)...

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14:34 Publié dans Humeurs, Tr@cts | Lien permanent | Commentaires (0)

25 décembre 2009

Le Tr@cT n°45

Mailons nous les uns les autres ...
24 décembre 2009
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“ Allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté”
Antonio Gramsci
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J’aurais voulu...
C’est Noël... Pas vraiment un scoop, mais faisons au moins semblant de croire que c’est une bonne nouvelle...  Et souvenons-nous que depuis que des rois et magiciens sont venus se prosterner dans une étable aux pieds d’un bébé qui deviendra célèbre, et lui faire quelques offrandes parfumées au fin fond d’un pays qui fera souvent l’info... depuis ce jour, qui n’était évidemment pas un 25 décembre, il est de bon ton de s’offrir des cadeaux. Enfin, je crois. A vrai dire, je n’ai pas fait de recherches sur l’origine de la tradition. Mais ce que je sais, c’est que des cadeaux, il s’en fait. Des quantités, des listes, des chariots, des coffres, des hottes, des cheminées entières... La tradition, ça a du bon... pour le commerce. Cela dit, faire des cadeaux peut être aussi un acte de générosité, une forme de fraternité... peut-être... mais on peut pas toujours faire les cadeaux qu’on voudrait...

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19:05 Publié dans Humeurs, Tr@cts | Lien permanent | Commentaires (1)

03 avril 2009

Le Tr@cT n° 44


Le Tr@cT n°44
Mailons nous les uns les autres ...
30 mars  2009
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“ Les mots sont des planches jetées sur un abîme, avec lesquelles nous traversons l’espace d’une pensée...”
Paul Valéry

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Enfoncer le clou...
C’est bien joli, la poésie, mais ça sert à rien. Franchement, il vaut bien mieux planter des choux. Ou casser des cailloux. Ou chercher des poux. Ou chasser les hiboux. Ou démonter des joujoux. Ou fabriquer des bijoux. Ou se laver les genoux... Ou bien, encore, planter des clous...

Dans les années 60, Claude François (oui, le même que pour  “Alexandrie” et “Le lundi au soleil”...) chantait “Si j’avais un marteau”... Et bien moi j’ai un marteau, mais c’est à peine si je sais planter un clou...

Quelle misère...  Ça sert à rien un poète. Et si demain, comme je le prévois, c’est encore le Déluge, j’aurai du mal à construire mon Arche, et pas même une petite barque pour sauver my family et mes amis. Non, nothing. Aucune idée de comment il faut s’y prendre. Toutes ces années de vie, et toujours incapable de bricoler le moindre petit bout de planche... Quelle honte...

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00:31 Publié dans Humeurs, Tr@cts | Lien permanent | Commentaires (1)

23 décembre 2008

Le Tr@cT n° 43

" Ça va trop mal ! Le monde écroule ! "
Louis-Ferdinand Céline  Guignol’s band 1951
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D’abord, je voulais écrire au père Noël. Et puis comme d’habitude j’ai attendu trop longtemps, et maintenant il est un peu tard pour ajouter à sa hotte. Il a dû programmer ses livraisons, tout en colissimo ou prestomachin, et ma lettre (même électronique) arrivera trop tard. C’est rapé. Mais de toute façon, franchement, je n’avais rien de particulier à demander à l’homme à l’habit rouge. Pour moi, ça va plutôt bien. On va dire que j’ai de la chance. Ou que j’ai une bonne nature... Que réclamer au barbu conducteur de rennes ? La vie me fait régulièrement d’assez beaux cadeaux... Que ça dure ! Ça me suffira. Laissons le plein de la hotte à ceux qui en ont besoin, et ceux-là ne manquent pas. Vas-y, Père Nono, gâte-les ! Mais apprends-leur aussi peut-être à voir des cadeaux ailleurs que chez Darty ou à la FNAC... Ben oui : la vapeur qui s’échappe de la tasse de thé en belles volutes, le rayon de soleil hivernal qui traverse la vitre et vient se poser sur le canapé, le chat qui dort enroulé comme un serpent, et même la pluie qui fait ploc-ploc, et puis le vent qui joue avec les feuilles, la lune grosse et rousse, pourquoi pas aussi les lumières de la ville, le sourire de la petite fille, le regard d’une femme, le geste d’une autre, un passant qui passe, une lumière qui s’allume à une fenêtre dans une maison dont on ne sait rien, un bout de paysage cadré dans le pare-brise, un verre de Tariquet bien frais, un plat de penne rigate au pistou, un rire bienveillant, le sourire de la vendeuse, encore des lumières, un album que je n’avais plus écouté depuis longtemps, un livre que je retrouve et relis, une citation que je recopie dans un beau cahier, les délices d’une brève paresse sur le canapé (avec le rayon de soleil), quelques mains baladeuses et insinueuses, le coup de téléphone à un ami, la nuit et ses étoiles, le sommeil d’un enfant, un texte de Pierre Autin-Grenier, des poèmes lus sur internet, une bougie allumée sur la table basse du salon, un grand bout de ciel bleu en hiver, mon pas sur le chemin... et même, peut-être, un écran d’ordinateur, la nuit, sur lequel on écrit des mots à on ne sait qui... tout ça, c’est cadeau !

Certes, c’est peut-être facile à dire. Encore de la poésie... Mais je n’ai jamais dit que changer le monde pouvait être un cadeau... Désolé, c’est pas prévu sur la liste. Pourtant, ce serait pas mal, comme idée. Mais à qui s’adresser ? La responsabilité semble un peu lourde pour les épaules fatiguées du père Nono (c’est que ça tire sur les dorsaux, une hotte pleine ! ). Alors pourquoi pas s’adresser à Jésus directement ? Après tout, c’est bien pour lui aussi qu’on s’agite fin décembre, non ? Oui, je sais, certains l’ont peut-être oublié  entre foie gras et langoustes, entre écrans plats et téléphones mobiles, entre “que vais-je faire en entrée ?” et “t’es sûre que ça va lui plaire, à ta mère ?”, ou bien entre “où est-ce que je vais dormir ce soir pour pas mourir de froid ?”  et “non, mon chéri, je peux pas te l’acheter ce jouet” ... Oui, on l’oublie un peu, le Jésus, et pourtant c’est un mec plutôt sympathique.

Je vais pas revenir ici sur ses exploits divers qui ont fait l’objet de nombreux commentaires. Non, je vais simplement lui écrire une petite lettre, et puisque je sème à tout mail, il n’y a pas de raison de ne pas inclure dans ma mailing list le premier des hippies ... Allez, j’y vais, j’ose...

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19:54 Publié dans Humeurs, Tr@cts | Lien permanent | Commentaires (3)