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05 juillet 2024

De la politique. 3

De la politique.
Partie 3.
Capitalisme et démocratie.
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La doctrine économique du capitalisme parvient donc à faire du "politique" en créant du "collectif" autour de la valeur "argent" et à satisfaire la plupart des besoins matériels pour les membres d'une société dont la politique "libérale" autorise la libre entreprise et accepte les "lois du marché".
La "prospérité" qui résulte de cette économie politique touche très inégalement ces membres de la même collectivité. Nous l'avons dit : pour qu'il y ait des gagnants, il faut des perdants. Cela ne veut pas dire que toute richesse est suspecte, mais la nature même de ce système économique induit nécessairement des victimes. La guerre commerciale se pare des atours sympathiques et colorés de la publicité omniprésente dans nos sociétés modernes mais n'en reste pas moins cruelle et impitoyable pour celles et ceux qui, à un moment ou à un autre, ne se trouvent pas dans le bon camp.
Paradoxalement, le capitalisme, au moins dans ses formes "modérées" (tempéré par une politique volontairement "sociale") permet de mettre en place des systèmes d'aide aux plus démunis, de maintenir dans le giron de la société des individus qui sans cela seraient totalement marginalisés.
Une partie de la richesse produite "ruisselle" donc sur l'ensemble des citoyens. La prospérité profite donc à tous et non seulement à quelques-uns.
C'est souvent cet argument qui soutient les politiques "de droite" favorables à ce "libéralisme". Mais cet argument appelle quelques remarques.


 
Si la richesse produite était mieux répartie (c'est à dire moins détournée vers des capitalisations patrimoniales, des outils financiers, des territoires échappant à l'impôt) le système aurait moins besoin "d'amortisseurs" d'inégalités. Derrière sa "générosité", le capitalisme dissimule sa nature essentielle qui est de faire du profit, et garde la tête de la société hors de l'eau. Si tout le monde se noie, pas de marché. Plus de marché donc "pas de profit". Pas de profit, pas d'augmentation du capital.
Voilà pourquoi le capitalisme a besoin de maintenir un équilibre social, même très précaire, et d'apparaître même comme le garant de cet équilibre pour justifier son rôle, comme dans la jungle où chaque prédateur contribue à un équilibre du vivant entre les espèces. A la différence cependant que le capitalisme n'ayant lui-même aucun super prédateur pour équilibrer ses besoins, il a systématiquement chosifié et marchandisé le vivant pour en tirer une forme ou une autre de profit jusqu'à épuisement de cette matière humaine.
Et ceci avec une capacité de métamorphose et une aptitude à se maintenir et se perpétuer qui en fait une sorte d'organisme monstrueux digne des créatures mythologiques.
Car rien ne l'arrête et il se nourrit de tout, expert en recyclage et camouflage. Les crises financières ? Bonne occasion de montrer aux Etats qu'ils ont besoin des banques et aux citoyens qu'ils ont besoin des Etats. Crise sanitaire ? Occasion de profits et de contrôle renforcé sur l'individu-citoyen. Guerre ? Profits maintenant et projets de reconstruction. Crise écologique ? Green washing et nouvelles sources de profit. Les ressources de la planète Terre sont épuisées ? Colonisons ses satellites. L'homme est épuisé ? Créons un homme virtuel et une transhumanité.
Dans cette course au profit "quoi qu'il en coûte", il a fallu bien sûr associer dans les cerveaux humains quelques concepts fondamentaux pour fluidifier le fonctionnement du système. Notamment : progrès et vitesse. L'accélération qui a gagné les activités humaines dans tous les domaines depuis le début de la révolution industrielle n'a eu aucun effet fondamental sur le "bien être" des individus. Aller plus vite, toujours plus vite, a contribué en revanche à produire plus en moins de temps, à mondialiser le commerce, à accélérer jusqu'à "l'instantanéité" les processus de consommation...
On l'a dit, le capitalisme rassemble des individus (d'abord dans des Etats, ensuite au niveau mondial) autour de la valeur "argent". Pour que cet individu participe au jeu durablement et sans se lasser, il faut qu'il ait l'impression d'être libre, ce qui est bien plus efficace, sur la durée, qu'une dictature qui finit toujours par craquer.
Voilà pourquoi le capitalisme aime et favorise la démocratie. Un individu libre, qui participe au pouvoir politique, sera moins attentif aux fonctionnements d'un système qu'un individu ouvertement opprimé qui ne songerait qu'à s'échapper. C'est donc librement qu'il consomme, librement qu'il passe de plus en plus de temps devant des écrans (qui cachent bien plus qu'ils ne révèlent), librement qu'il travaille, librement qu'il participe à la compétition sociale, librement qu'il fait de l'argent sa valeur essentielle, librement qu'il accélère, librement qu'il opprime, librement qu'il est opprimé, librement qu'il reçoit des milliers de messages publicitaires, librement qu'il subit toutes sortes de violences, librement qu'il s'exprime... comme je le fais ici.
La démocratie n'est pas la conséquence du capitalisme, elle en est le terreau. La force du capitalisme c'est de se présenter en garant de notre liberté. Et cela d'autant plus que toutes les tentatives alternatives ont débouché sur des dictatures. CQFD. Avons-nous d'autre choix ? Et l'Etat dans tout ça ? La politique a-t-elle encore du poids face au Léviathan économique ?
(à suivre)
Yves Gerbal
22 juin 2024
 

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