05 juillet 2024
De la politique. 2.
De la politique.
Partie 2.
Le bilan du capitalisme
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La politique économique de la majorité des Etats désormais constitués pour encadrer les individus (voir partie 1) est très largement dominée par des pratiques capitalistes consistant à marchandiser (privatiser) le monde pour tirer profit de tout en organisant la "compétition de tous contre tous", en se donnant un objectif de "croissance" sans limites qui doit permettre de soutenir les superstructures privées, entreprises multinationales, et de dégager toujours des bénéfices pour les faire fructifier par des systèmes d'échanges toujours plus rapides, toujours plus complexes, toujours plus rentables.
En Europe, les classes bourgeoises (marchands, artisans, citadins) qui ont supplanté la noblesse après la récupération politique de diverses étapes révolutionnaires ont pu s'appuyer sur les richesses issues des pillages et génocides coloniaux des siècles précédents et ont pris le pouvoir en accompagnant la "révolution industrielle" avec ce "capital" comme investissement initial et une vision du "progrès" centrée sur le matérialisme et le développement de techniques (elles-mêmes au service du capital).
L'histoire des XIXème et le XXème siècle montre comment la politique a été dominée peu à peu par l'économie, et comment l'économie de type "capitaliste" a pris le pouvoir avec pour alibi le " libéralisme", doctrine qui prône la liberté laissée au "marché" comme garant de la liberté des individus. Quel bilan peut-on faire ?
Il est courant d'entendre dire que le capitalisme a prouvé son efficacité, et surtout que tous les modèles alternatifs (couramment appelés "socialistes" ou "communistes") ont échoué.
Le capitalisme, dit-on, a grandement participé au progrès de l'humanité en apportant à des millions d'individus une qualité de vie qui était jusque-là réservée à quelques privilégiés, a démocratisé l'accès au savoir, a permis de grandes avancées dans le domaine médical et a prolongé l'espérance de vie...
Devons-nous lui dire merci ?
Durant ces deux siècles toutes les conquêtes sociales (pour les ouvriers, pour les femmes, pour les faibles...) se sont faites au prix de luttes acharnées. Le capitalisme ne lâche rien. C'est sa nature.
La "liberté" dont le capitalisme se fait l'ardent défenseur est une liberté subordonnée à l'argent et aux hiérarchies qu'il instaure. Il faut, pour jouir de cette liberté, entrer dans la partie de Monopoly même si l'on sait que les dés sont pipés, que certains pourront échapper systématiquement à la case "prison", que d'autres ont déjà reçu des maisons et des hôtels avant de commencer à jouer... Il y a peu de hasard. Il faut jouer néanmoins. On n'a pas le choix. Il faut entrer dans cette compétition de tous contre tous, se mettre au service d'une "croissance" créatrice de "richesses" qui contribuent à alimenter la banque du Monopoly international pour que toujours plus de joueurs puissent participer et prouver que non, décidément, il n'y a rien de mieux.
Il faut jouer, lancer les dés même si on n'a plus envie, y laisser sa santé, y laisser sa vie, jouer encore, jusqu'à la mort, en essayant de n'être pas dans les moins bien lotis, de placer une maison Faubourg Saint Honoré plutôt que Boulevard de Belleville. "Achetez. Vendez. Négociez. Gagnez !". Le capitalisme vous promet un avenir radieux. Si vous êtes pauvre, devenez riches. Si vous êtes riche, devenez super-riche. Vous êtes libres ! A condition de jouer... car le capitalisme a besoin de tout le monde. Pour qu'il y ait des gagnants il faut des perdants. On ne joue pas seul au Monopoly. On ne joue pas seul en Bourse.
Dans les temps monarchiques ou impérialistes qu'aurait-on dit d'un maître sans valet, d'un tyran sans esclaves ? Chacun a son rôle. Gagnant ou perdant. Ou variable d'ajustement, comme les "classes moyennes", pas assez pauvres pour se révolter, assez riches pour se contenter. Les pauvres ne peuvent pas les haïr (ils sont juste au-dessus d'eux, ils peuvent prendre leur place parfois), les riches les utilisent comme courroies de transmission, relais d'opinion, tampons entre eux et les pauvres. Et ils ne leur coûtent pas trop chers.
Bref, il s'agit d'organiser la vie libre dans le poulailler où se trouve le renard libre avec les poules libres. Il suffit ensuite de "laisser faire". Que va-t-il se passer ? Suspense...
Ne soyons pas si négatifs. Le capitalisme est une réponse à la question politique de la gestion d'un "collectif". Il rassemble tout le monde autour d'une valeur suprême, mesure de toute chose, bien plus que simple système d'échange : l'argent. Tout le monde est de la partie. Impossible de s'échapper. La plus réussie de toutes les religions, avec ses temples commerciaux, ses grands préceptes publicitaires, ses grands prêtres médiatiques. Le dimanche n'est plus le jour du Seigneur mais celui du centre commercial. On fait du "shopping", on se demande où on va dépenser l'argent que le patron nous a gentiment redistribué. On regarde en baissant la tête des écrans envahis de sollicitations commerciales. On se divertit dans une société du spectacle qui fait office d'anti-dépresseur pour la collectivité et nous empêche de penser une vie et une société alternatives.
C'est donc dans ce contexte, dans le cadre de cette "liberté conditionnée" (par l'argent), que l'on parle de "démocratie" porteuse à son tour de liberté. Le capitalisme est-il le système économique qui a rendu la démocratie possible ?
(à suivre)
21 juin 2024
18:41 | Lien permanent | Commentaires (0)
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