14 septembre 2020
Le plaisir au temps du corona.
Pour des raisons que l’histoire jugera, sanitaires et/ou politiques, nous semblons devoir vivre désormais dans une société de la barrière, de la distanciation, du sans contact. Interdiction de nous toucher les uns les autres. La prochaine étape c’est quoi ? Nous interdire de se toucher soi même ?
En attendant le jour où nous ne serons plus que des créatures digitales, des data sur pattes soumis aux algorithmes universels pour un bonheur virtuel imposé, profitons plus que jamais encore de cette liberté que nous offre notre corps pour se faire plaisir...
Caressons nous, câlinons nous, aimons nous, baisons nous... Et si nous ne pouvons pas le faire avec un « autre » désormais à distance, masqué, suspect de viralité, alors développons en nous même les ressources d’une résistance corporelle et sensuelle.
Ces ressources nous les connaissions avant le Grand Con-finement et la Grande Mascarade. Il est encore plus important aujourd’hui de les convoquer et de revendiquer ce droit au plaisir, y compris solitaire, quand les Etats s’acharnent à nous isoler pour mieux nous contrôler. Ce monde est désormais verrouillé d’un côté par des religions rétrogrades qui s’attaquent à la culture humaniste et d’un autre côté par des pouvoirs scientistes qui s’attaquent à notre nature humaine. Tous sont complices en déshumanisation.
Alors réaffirmons notre joie de jouir qui est joie de vivre, revendiquons notre droit au plaisir qui est l’expression de notre liberté quand partout ailleurs cette liberté est attaquée.
Car ce plaisir là n’est pas mercantile, il ne fait de tort à personne, il ne se fonde sur aucune exploitation, il ne fait pas de mal à la planète. Il peut en revanche nous reconnecter, en pleine conscience, à notre racine essentielle, à notre énergie vitale.
Et probablement, par la même occasion, développer nos défenses immunitaires, le seul véritable moyen de vivre demain en harmonie avec les virus qui, de toute façon, ne disparaîtront pas.
Plus que jamais il faut respirer, sentir notre souffle au lieu de le confiner derrière un bout de tissu. Il faut méditer, contempler, ralentir. Il y a de nombreuses pratiques pour cela et elles sont plus que jamais le meilleur rempart contre les attaques virales.
Mais il faut aussi s’aimer, se faire du bien, retrouver la confiance en soi et en son corps vecteur de virus. Et pour cela quoi de mieux que de choyer ce corps, de le louer, de le redécouvrir, d’en faire un jardin que nous aimons cultiver.
Préparons ainsi le jour de la libération, si un jour les masques tombent. Alors nous serons encore plus aptes à aller vers les autres, à faire tomber les barrières, à rétablir les contacts, à retrouver la proximité de nos semblables qui seule justifie notre existence et notre statut d’être vivant.
Faisons nous la promesse, dans l’intimité de nos plaisirs, solitaires ou partagés, d’inventer pour demain, enfin, un monde caressant...
Yves Gerbal, Aix-en-Provence, 29 août 2020
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