Petite bafouille...

Petite lettre à ceux que les derniers TracTs ont énervé...
mais aussi à tous les autres...
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Chers tractés,
En cette période décisive (voilà qu’il va nous la jouer lyrique maintenant...), je me permets de venir encore une fois rendre visite à votre boite à mails.
Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont manifesté leur opinion (par mail ou de vive voix) à la suite de ces tracts ouvertement engagés dans une réflexion sur les élections à venir. Oui, je vous remercie, parce que cela prouve que la politique vous tient à coeur (et au portefeuille aussi, parfois...), et puis parce que, je l’avoue, ça fait toujours plaisir de recevoir un petit signe venu souvent d’expéditeurs inconnus avec lesquels le seul lien est cette bafouille électronique...

Oui, je vous remercie tous. Oui, même les quelques-uns qui m’ont écrit un cinglant “adieu” pour me punir de ma lourde faute : inciter à voter pour un Bayrou de droite. Oui, même celle qui a trouvé ces Tracts “dégoûtants” (sic) — mais je me demande tout de même ce que j’ai fait de si horrible— . Oui, même celui qui a eu “la nausée” (re-sic) en lisant le TracT consacré à Bayrou — mais je me demande si Sartre aurait osé —. Oui, même celui qui me traite de “misogyne macho” (rere-sic) parce que je ne préconise pas de voter Royal — et je me demande ce qui me vaut ce terrible anathème —. Oui, je les remercie, ceux-là, aussi, pour ce qu’ils m’ont appris de la difficulté de communiquer, de se faire comprendre, de partager des opinions sans prétendre détenir quelque vérité que ce soit mais en avançant simplement, librement, vers les autres, probablement pour chercher à les convaincre, mais en acceptant toujours en retour d’être à mon tour influencé... ce que certains n’ont pas hésité à faire en m’envoyant des mails intéressants permettant de frotter nos opinions (à ce propos, un tracté me reproche de dire “je”... mais que faire d’autre, je ne parle qu’en mon nom ! et je n’ai jamais prétendu écrire une thèse ou un article d’information).

Cela dit, je me demande toujours un peu pourquoi je continue ainsi à envoyer des mails au bout de la nuit... Ce serait peut-être aussi bien de se dire “après moi le déluge” (comme disait Noé)... Il suffirait que je me taise, que je me planque, que je ne dise rien... Personnellement si ma seule préoccupation était de consolider mon radeau, il suffirait que je dise de voter à gauche : à tous points de vue, ce serait bien plus confortable pour moi. Je ne dis pas que j’ai raison : je communique mon opinion. C’est tout. Cela n’a rien de très courageux, ni de fondamentalement risqué, mais en tout cas ne peut pas être suspecté de choix purement “égoïste”. Car si cette fois-ci je fais un choix différent c’est à la suite d’une assez longue réflexion et maturation, et dans un souci de sincérité par rapport à ce que je crois être la “moins mauvaise” solution aux problèmes de notre société, et par ailleurs la seule possibilité de faire obstacle à un Nicolas Sarkozy dont je suis plus que jamais convaincu (notamment grâce à de nombreux amis et tractés) qu’il est fondamentalement malsain dans son rapport au pouvoir...

S’il ne fallait qu’une raison pour en avoir la preuve je rappelerais la récente “anecdote” de son passage à l’émission France Europe Express (même si vous la connaissez déjà probablement). Vexé de devoir attendre dans les couloirs de France 3 pour être maquillé, d'autres invités occupant déjà les lieux, coupable de ce « crime de lèse-Sarkozy », voici un candidat à la présidentielle qui déclare  : « Toute cette direction, il faut la virer » et ajoute :  « Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder ». Relayée par les journalistes de France 3 et par Le Canard Enchaîné, cette info n’a depuis été démentie par personne...Qu’un candidat à la Présidence de la République ose s’exprimer ainsi à propos d’un média du service public suffirait, si besoin était, à ne pas voter pour lui. Mais je n’ai plus besoin, je crois, de m’attarder sur le cas de Sarkozy... sauf pour rappeler que le meilleur moyen de lui barrer la route du pouvoir est de voter... Bayrou !

Et oui, chers tractés, je m’en reviens vers vous pour vous dire que... je persiste et je signe. Oui, je pense que Bayrou est, dans les circonstances actuelles, le candidat le plus probant à de nombreux points de vue. J’ai déjà longuement exposé mes arguments dans un mail précédent (à lire sur mon blog). Je ne vais donc pas recommencer ici. Son programme, on le trouve facilement sur internet, comme celui des autres candidats, et les médias en ont plusieurs fois rendu compte. J’ai également déjà évoqué le “fameux” argument (avec qui gouvernera-t-il ?). Inutile d’y revenir encore une fois. Le temps presse désormais...

Oui, Bayrou a toujours été “de droite”, mais qui oserait dire qu’il n’a pas fait une bonne campagne, proche des gens sans démagogie, sincère et simple ? Pourquoi ne pas penser qu’il est en train, les circonstances aidant, d’incarner une voie médiane qui nous sortirait enfin de ce stérile affrontement, de cette alternance pénible entre une droite trop connue et une gauche trop prévisible...  Qui oserait mettre en doute que Bayrou est un humaniste convaincu, un homme intelligent et sans arrogance, dont on sait très bien qu’il ne dépassera jamais la ligne jaune de la dignité, qu’il s’efforcera toujours de rassembler, ce qui est tout de même le plus important pour notre nation, et pas seulement en chantant la Marseillaise... Bref, je ne fais pas de Bayrou un gourou, mais il est peut-être une chance à saisir. On peut essayer, non ? Parce que les autres, franchement, on connaît...

Et puis... il y a les sondages... Certes on peut discuter leur légitimité, penser qu’ils ne devraient pas influencer notre vote. Mais autant les sondages du premier tour peuvent être aléatoires (notamment à cause du fort taux d’indécis... et parce que, m’a dit un ami, les sondages se font uniquement sur des numéros de télephone fixe...), autant ceux qui se font sur des simulations du 2d tour sont plus crédibles. Pourquoi ? Parce que l’on sait plus facilement, plus franchement, plus nettement, ce que l’on choisira entre deux candidats plutôt qu’entre une douzaine... Et que disent, sans aucune exception depuis que l’on pose la question aux sondés (est-ce que ça fait mal, au fait, de se faire sonder ?) : que Bayrou battrait (conditionnel bien sûr tout de même) Sarkozy... et avec un écart suffisant (plus de trois points) pour réduire la part d’incertitude... On sait par ailleurs ce que disent les sondages concernant un 2d tour Sarkozy-Royal : Madame Royal n’a jamais été donnée gagnante... mais ce n’est qu’une simulation, évidemment.

Je sais que cela va déplaire aux supporters de Ségolène Royal (arrêtons de la réduire à un prénom ! ferait-on cela si c’était un homme ?) que je respecte et avec lesquels je partage souvent de nombreux points de vue, mais les faits sont là. J’ai récemment discuté avec de chauds militants de l’UMP : leur seul souci, c’est Bayrou. Interrogez-les, et vous verrez... Ce qui est curieux c’est que ce sont souvent les mêmes qui reprochèrent à certains de n’avoir pas voté “utile” dès le premier tour en 2002 qui aujourd’hui ont du mal à accepter de voter “utile” dès ce premier tour. Ou bien peut-être certains préfèrent-ils encore voir Sarkozy au pouvoir  (ils auront ainsi un ennemi numéro 1 pendant 5 ans, ce qui est bien pratique) plutôt que d’avoir à choisir au 2ème tour entre deux candidats estampillés à droite ? C’est possible...

Quoi qu’il en soit, chers amis, il est bien tard, encore une fois, au moment où j’achève cette petite lettre... Je crois que ce sera la dernière avant le 22 avril. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter de belles journées de printemps, de la poésie dans vos vies, et de ne pas oublier d’aller voter... pour qui que ce soit !

Je ne vous dis surtout pas “adieu” : c’est un mot que je n’emploie jamais.
Alors, salut !!! et bon vote ! On en reparlera probablement après...

Yves Gerbal