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23 décembre 2008

Le Tr@cT n° 43

" Ça va trop mal ! Le monde écroule ! "
Louis-Ferdinand Céline  Guignol’s band 1951
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D’abord, je voulais écrire au père Noël. Et puis comme d’habitude j’ai attendu trop longtemps, et maintenant il est un peu tard pour ajouter à sa hotte. Il a dû programmer ses livraisons, tout en colissimo ou prestomachin, et ma lettre (même électronique) arrivera trop tard. C’est rapé. Mais de toute façon, franchement, je n’avais rien de particulier à demander à l’homme à l’habit rouge. Pour moi, ça va plutôt bien. On va dire que j’ai de la chance. Ou que j’ai une bonne nature... Que réclamer au barbu conducteur de rennes ? La vie me fait régulièrement d’assez beaux cadeaux... Que ça dure ! Ça me suffira. Laissons le plein de la hotte à ceux qui en ont besoin, et ceux-là ne manquent pas. Vas-y, Père Nono, gâte-les ! Mais apprends-leur aussi peut-être à voir des cadeaux ailleurs que chez Darty ou à la FNAC... Ben oui : la vapeur qui s’échappe de la tasse de thé en belles volutes, le rayon de soleil hivernal qui traverse la vitre et vient se poser sur le canapé, le chat qui dort enroulé comme un serpent, et même la pluie qui fait ploc-ploc, et puis le vent qui joue avec les feuilles, la lune grosse et rousse, pourquoi pas aussi les lumières de la ville, le sourire de la petite fille, le regard d’une femme, le geste d’une autre, un passant qui passe, une lumière qui s’allume à une fenêtre dans une maison dont on ne sait rien, un bout de paysage cadré dans le pare-brise, un verre de Tariquet bien frais, un plat de penne rigate au pistou, un rire bienveillant, le sourire de la vendeuse, encore des lumières, un album que je n’avais plus écouté depuis longtemps, un livre que je retrouve et relis, une citation que je recopie dans un beau cahier, les délices d’une brève paresse sur le canapé (avec le rayon de soleil), quelques mains baladeuses et insinueuses, le coup de téléphone à un ami, la nuit et ses étoiles, le sommeil d’un enfant, un texte de Pierre Autin-Grenier, des poèmes lus sur internet, une bougie allumée sur la table basse du salon, un grand bout de ciel bleu en hiver, mon pas sur le chemin... et même, peut-être, un écran d’ordinateur, la nuit, sur lequel on écrit des mots à on ne sait qui... tout ça, c’est cadeau !

Certes, c’est peut-être facile à dire. Encore de la poésie... Mais je n’ai jamais dit que changer le monde pouvait être un cadeau... Désolé, c’est pas prévu sur la liste. Pourtant, ce serait pas mal, comme idée. Mais à qui s’adresser ? La responsabilité semble un peu lourde pour les épaules fatiguées du père Nono (c’est que ça tire sur les dorsaux, une hotte pleine ! ). Alors pourquoi pas s’adresser à Jésus directement ? Après tout, c’est bien pour lui aussi qu’on s’agite fin décembre, non ? Oui, je sais, certains l’ont peut-être oublié  entre foie gras et langoustes, entre écrans plats et téléphones mobiles, entre “que vais-je faire en entrée ?” et “t’es sûre que ça va lui plaire, à ta mère ?”, ou bien entre “où est-ce que je vais dormir ce soir pour pas mourir de froid ?”  et “non, mon chéri, je peux pas te l’acheter ce jouet” ... Oui, on l’oublie un peu, le Jésus, et pourtant c’est un mec plutôt sympathique.

Je vais pas revenir ici sur ses exploits divers qui ont fait l’objet de nombreux commentaires. Non, je vais simplement lui écrire une petite lettre, et puisque je sème à tout mail, il n’y a pas de raison de ne pas inclure dans ma mailing list le premier des hippies ... Allez, j’y vais, j’ose...

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19:54 Publié dans Humeurs, Tr@cts | Lien permanent | Commentaires (3)